Dans l’atelier, la vie ne tient qu’à un fil.
L’atelier est percé de part en part par l’éclairage naturel.
La verrière est brûlante, le visage des marionnettes se teinte.
Chaque rayon se pose sur une denrée rare, une bizarrerie, un coup du sort, une ponctuation…
Les marionnettes se balancent. La course du soleil met en lumière, tisse, guide la pupille aux aguets, celle qui perçoit les textures, celle qui panse les plaies.
Nouvelle vie, nouvelle peau… chacun son tour, son instant de gloire, sa minute de silence.
Fortuits assemblages dans l’atelier, où les souliers usés rêvent de remonter sur les planches. Geppeto fixe Pinocchio, comme à jamais perdu dans le vide, le regard vague, avide de sa présence, toujours échappée.
Il y a des drames, des histoires d’amour en suspens dans l’atelier, qui ne demandent qu’à être jouées … des aspirations, des airs malins, naïfs, rigolards, déjà sympathiques, entortilleurs, prêts à tout, sauvages ou renfrognés…
La fée bleue végète dans un coin, abandonnée, souffrante, même son étoile a ternie. Pharaon est entré dans la pièce, il a quitté sa toile, il a brandi le sceptre. Bâton de pouvoir et bâton de parole. L’indien y a laissé des plumes, son regard est aigu, sa couleur est rouge.
Un melting pot d’histoires, comme un grenier qui fourmille, artisanal, ancien, presque rude.
Qui tire les ficelles ?
Leurs noms, leurs voix s’affûtent en coulisse, ils changent de gamme. Ils attendent le maître pour être et devenir.
Leur vie ne tient qu’à un fil et ils le savent.
La tradition se perpétue grâce aux marionnettes de Mariska car elles savent vivre avec l’Eternité.
Sandra Daveau. Photographe.